J'AI PERDU MON CORPS
Film d'animation (1h21) - 2019 - Etats-Unis
Réalisé par Jérémy Clapin
avec Maud Le, Déborah Grall, Anouar H.
Bande Annonce
Synopsis
Une main, détachée de son poignet, s'échappe d'un laboratoire pour entamer un voyage à travers la ville plein d'embûches (pigeons, rats, éboueurs, chiens et chutes). Elle veut retrouver son "propriétaire", Naoufel, qui grandi au Maroc puis s'est installé à Paris après qu'il est devenu orphelin. Vivotant péniblement en faisant le coursier, le jeune homme à lunettes, passionné par la musique et les sons, assoiffé de liberté et d'indépendance, fait la connaissance de Gabrielle une jeune femme au travers d'un interphone. Bibliothécaire, la jeune fille aime à contempler, de ses yeux profonds, les paysages déserts de l'Antarctique. Plus tard, il se fait embaucher comme apprenti menuisier chez l'oncle malade de la jeune femme...
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Critique par Guillemette Odicino
Publié le 07/04/2021
D’abord, une main coupée, entreposée dans un laboratoire, qui décide de s’échapper. La séquence d’évasion est digne des meilleurs films noirs. L’angoisse atteint son comble au moment où, dans la quête de son propriétaire, la main échoue dans le métro, cachée sous les rames et attaquée par des rats. Grâce à un hallucinant sens du cadre et du montage, on retient son souffle. Et, parallèlement, la main, celle de ce même Naoufel devenu jeune homme, se souvient de son enfance. Quand elle était celle d’un petit garçon qui rêvait encore d’être à la fois cosmonaute et concertiste, qui jouait du piano avec sa maman ou laissait glisser du sable entre ses doigts. Autant de merveilleuses sensations tactiles rendues par un dessin d’une poésie fluide… Et puis ce fut le drame, et les années passèrent pour Naoufel, désormais orphelin. Mais, dans un éternel écho entre hier et aujourd’hui, le destin, telle une mouche, peut revenir se poser sur votre vie, sur votre main…
Avec son dessin si pur, tout en perspectives, ses décors de banlieue et de chantiers comme tendus vers le ciel, mais aussi son écriture aussi précise que drôle, Jérémy Clapin fusionne tous les genres de cinéma pour former un superbe mélo. J’ai perdu mon corps offre finalement la main qu’on attendait : celle à mettre une bonne fois pour toutes dans la figure de ceux qui osent encore prétendre que l’animation n’est pas du cinéma.