LES PHOTOS DE LA PREMIERE GUERRE MONDIALE
- Une guerre des tranchées
Dans la Marne, photo non datée
Des soldats français creusent de longs fossés, sous les ordres de leurs chefs. Ils préparent des tranchées*. Les combats entre Français et Allemands ont débuté fin août 1914 dans l’est de la France mais, dès le mois de novembre, aucune des deux armées n’arrive à progresser. C’est le début de la guerre des tranchées. Les soldats vont se battre ainsi jusqu’en 1918, sur une ligne de front** qui ne va presque pas bouger. Les tranchées bloquent l’avancée de l’ennemi. Elles permettent aussi aux soldats qui s’y cachent d’être mieux protégés des balles tirées par les adversaires. Défendues par des fils de fer barbelés, elles sont creusées en zigzag. Ainsi, l’ennemi les repère plus difficilement. Mais les tranchées sont fragiles et il faut les réparer sans cesse. Creusées à même la terre, elles sont envahies par la boue. Côté français, il n’y a aucun confort, car les généraux pensaient que la guerre n’allait pas durer. En face, les Allemands sont mieux organisés : ils ont renforcé leurs tranchées avec du béton, y ont installé l’électricité et le chauffage… Le sous-lieutenant Daniel Mornet raconte ses souvenirs de guerre dans Tranchées de Verdun, un livre publié en 1918 : « De semaine en semaine, le réseau des tranchées se complète. Mais la pluie coule partout. Le fond des tranchées se change en lac de boue qui monte jusqu’aux chevilles. Les murailles de sacs de terre glissent. Chaque jour, chaque nuit, on renforce les murs. Dans la terre qu’on creuse, on trouve des armes, des outils brisés, des vêtements pourrissants, parfois des cadavres. » * Ici, fossé où combattaient et vivaient les soldats. ** Ici, endroit où ont lieu les combats.
- Les rats
Dans la Marne, photo non datée
Ce soldat pose à côté de rats qu’il a attrapé. Les poilus organisent souvent des chasses aux rats pour se débarrasser des rongeurs qui grouillent dans les tranchées. Les soldats vivent dans la boue ou la poussière. Ils ne peuvent pas se laver ou se raser. C’est d’ailleurs pour cela qu’on les appelle les « poilus ». À la saleté s’ajoutent les poux et les rats, qu’ils surnomment les « totos » et les « gaspards ». Pour se protéger des rongeurs la nuit, ils recouvrent les lits de grillage. Dans un recueil de témoignages, un soldat raconte : « Les rats, en quantité incalculable, sont les maîtres de la position. C’est par centaines qu’ils pullulent*. Je passe des nuits terribles. Je sens ces bêtes immondes qui me parcourent le corps. Ils sont parfois 15 à 20 sur nous et, après avoir mangé les restes de nourriture, ils s’en prennent à nos vêtements. Impossible de dormir. » *Ici, se multiplier en grandes quantités.
- Le repos des poilus
À Verdun (Meuse), en 1915
Entre deux attaques, des soldats se reposent dans une tranchée, à même le sol. Pour se protéger du froid, ils s’enroulent dans des couvertures et dans leurs capotes, de longs manteaux qui font partie de leur uniforme. Les combattants de cette guerre sont surnommés les « poilus ». La consigne donnée aux poilus est claire : la nuit, il y a danger, alors tout le monde veille ou travaille. On dormira la journée… Pourtant, quand vient le jour, il faut assurer la relève des guetteurs, entretenir les armes, manger… Les repas se résument souvent à des boules de pain et de la viande en boîte de conserve. Coincés dans les tranchées entre les attaques, les soldats bricolent, fabriquent des lampes à huile avec des grenades, sculptent des cannes en bois qu’ils utilisent ensuite pour chasser les rats, gravent des mots sur le métal des obus… Certains arrivent même à faire des instruments de musique à partir de casques et de gamelles. Dans Tranchées de Verdun, le sous-lieutenant Daniel Mornet se souvient : « On passe 10, 15 ou 20 jours dans une attente silencieuse, une tension permanente... Ce n’est pas toujours votre tranchée qui est bombardée. Il y a des répits*, des distractions et des joies. Une bonne soupe longuement mijotée dans un coin de l’abri, (…) du temps pour lire les lettres et causer de sa famille. » * Ici, moments où il n’y a pas de combats.
- Fusillés pour l'exemple
À Verdun, dans le nord-est de la France, photo non datée
Agenouillé dans la neige et les yeux bandés, un soldat va être fusillé. Ce n’est pas un ennemi, mais un poilu qui a refusé de se battre. Après plusieurs années de guerre, les soldats sont épuisés et ne voient pas venir la fin du massacre. Au cri de « Nous ne sommes pas de la chair à canon », les soldats se révoltent. En 1917, plusieurs milliers de poilus refusent d’obéir. Pour arrêter ces mutineries*, le général Pétain, nommé commandant en chef, donne davantage de permissions** aux soldats et fait améliorer les repas des troupes. Mais, pour l’exemple, il punit des soldats qui se sont révoltés. 554 poilus sont ainsi condamnés à mort et exécutés. La chanson de Craonne a été écrite par un soldat combattant au plateau de Craonne, une zone de conflits très violente, dans l’Aisne. Il a voulu rester anonyme afin de ne pas être fusillé. Interdit par les chefs militaires, ce chant a été repris par les révoltés. En voici un couplet*** : « Ceux qu’ont l’pognon, ceux-là r’viendront, Car c’est pour eux qu’on crève. Mais c’est fini, car les troufions Vont tous se mettre en grève. Ce s’ra votre tour, messieurs les gros, De monter sur l’plateau, Car si vous voulez la guerre Payez-la de votre peau! » * Absence autorisée pour aller se reposer pendant un certain temps après avoir combattu. **Ici, révolte de soldats refusant de se battre. *** Chacune des parties d’une chanson qui sont séparées par le refrain.